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[CR] Les Mystères de l'Impossible

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[CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Mer 7 Aoû 2013 02:08

Très chers lecteur de l'Excelsior, vous savez parfaitement que la vocation de notre journal est de vous rapporter avec précision et célérité les faits marquants de l'actualité, appuyés de témoignages de première main, et des meilleurs documents photographiques actuellement disponibles dans la presse.

Et vous n'aurez certainement pas manqué de constater qu'à notre époque, cette actualité tutoie presque quotidiennement le sensationnel, l'étonnant, l'extraordinaire et, oserais-je le dire, le merveilleux.

C'est donc pour se consacrer avec plus d'acuité à ces faits hors de l'ordinaire que notre journal inaugure une nouvelle rubrique : Les Mystères de l'Impossible. Attendez-vous à l'étonnement, à la surprise, à l'admiration et la frayeur. Vous serez transporté, vous serez incrédule. Pourtant je puis vous l'assurer avec tout le sérieux qui fait la qualité de notre journal : Tout est vérifié, tout est authentique. En un mot, tout est vrai.

Il est donc temps pour moi de céder la plume à notre reporter de choc, la charmante Céline Kilian, dont les récits de première main ne laisseront pas de vous stupéfier.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Sam 10 Aoû 2013 00:11

Il est donc temps pour moi de céder la plume à notre reporter de choc, la charmante Céline Kilian, dont les récits de première main ne laisseront pas de vous stupéfier.


Oh oui, oh oui, oh oui !

Lord Anaon, Alléché... :P

PS : LOL
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Golgoroth » Lun 12 Aoû 2013 15:39

Quel Teasing ! A quand le premier épisode des Mystères de l'Impossible ? :)
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Mer 4 Sep 2013 00:09

Chers amis, toutes mes excuses pour cet insupportable teasing, mais je me suis retrouvé contre mon gré privé de connexion depuis plus de trois semaines. Voici donc sans plus attendre le premier épisode des Mystères de l'Impossible.

Note : Ce scénario est une adaptation de Il n'y a pas que le Nyctalope qui surveille Paris, par Juriscasseur. Un grand merci à lui !


Avec les compliments du Passe-Muraille

Une aventure rocambolesque où l'on croise allègrement un fantôme amateur d'antiquités, une disparition mystérieuse, une indienne au parfum inoubliable et des scarabées nécrophages, où l'on apprend qu'il est dangereux de jouer avec le feu et que les monuments de Paris sont toujours pleins de surprises.


Les Protagonistes

Lord Maximilan Waldrip
Héritier d'un florissant négoce de pierres précieuses, Maximilian Waldrip est aussi un féru d'égyptologie. En amateur éclairé, il participa à l'expédition Carter aux côtés de Lord Carnarvon. Frappé par la malédiction du pharaon dans la fleur de l'âge, il y survécu mystérieusement. Depuis, il consacre sa fortune à l'étude des mystères égyptologiques avec une ferveur redoublée. Il fait partie des généreux mécènes du Musée du Louvre.
Bien que charmeur, mondain et raffiné, Waldrip garde farouchement sa vie privée voilée de mystères. Tout comme on ignore comment il survécu à la malédiction, il semble souvent présent lorsque se produisent des événements étranges.

Alicia Willis
Américaine, elle aime l'Art, apprécie l'argent et dispose des hommes. Connue pour ses nombreux mariages et tout aussi nombreux divorces, son dernier époux en date, le sombrement réputé Hugues Mézarek, aura laissé la glaciale Alicia quelque peu... refroidie.
Alicia est une femme aussi belle que distante. Rompue aux manières et hypocrisies de la bonne société, elle sait souffler le chaud et le froid.

Étienne Gaal
Jeune et sympathique garçon, il cache derrière une apparence anodine une histoire plutôt singulière. Privé de passé, celui que l'on surnomme le Gavroche d'Acier cherche encore sa place dans la société.
Toujours prêt à rendre service, il s'est récemment fait connaître dans le XIXe en retenant les murs d'un immeuble qui s'effondrait, sauvant au passage votre humble narratrice. Son surnom lui vient des plaques de métal qui recouvrent son corps et lui donnent une force prodigieuse en cas de nécessité.

Ernest Martin
Professeur émérite spécialiste du cerveau, neurologiste et physicien, adepte de la sémantique générale, son entraînement mental a soumit l'espace à sa volonté.
Le Docteur Martin est un homme affable et cultivé. Mais ses talents ne s'arrêtent pas là, car on dit qu'il a maîtrisé les capacités incroyables du cerveau.

----------x----------


Le moins que l'on pouvait dire, c'est que ce mois de janvier 1930 était relativement doux. Et par relativement doux, on entendait bien entendu une chaleur que n'aurait pas renié un beau mois de mai. Le temps était clair, le soleil au rendez-vous, et la nuit si agréable que l'on flânait volontiers au clair de lune. Mais si le quidam se réjouissait d'un hiver à ce compte, pronostiquant les premiers bains de mer pour la fin février, d'autres plus avertis s'inquiétaient d'une si piètre correspondance entre le climat et le calendrier. De là à conclure à une cause peu naturelle, il n'y avait qu'un pas. Et les esprits chagrins d'accuser le temps de se détraquer, à cause de tout ce radium, vous savez, et d'augurer sinistrement qu'à ce train là, d'ici l'été Paris sera le Sahara.

A leur décharge, il fallait comme de juste se pencher sur l'actualité superscientifique pour dénicher quelque nouvelle qui paraisse de saison. On découvrait ainsi qu'un bourgeois du nom de Mézarek, marié tout récemment en grande pompe, était en fait un esprit dément de sinistre ascendance juré de régner sur un monde pris sous les glaces. On eût pu penser qu'à tout le moins, le bonhomme Mézarek avait bien choisit son moment. Et pourtant, comme s'il fallait à tout prix que l'hiver n'en soit pas un, le savant fou avait été pourchassé jusque dans un futur lointain par le Nyctalope en personne. D'une certaine façon, on ne pouvait s'empêcher de trouver cette affaire un brin décevante.

Heureusement, les considérations météorologiques n’étaient pas la préoccupation première de tout le monde. Notamment pour M. Henri Verne, le respecté directeur des musées nationaux, qui arrivait au terme d'une longue et épuisante entreprise de réorganisation des collections archéologique et qui, couronnement de ses efforts, s'apprêtait à inaugurer le tout nouveau département d'égyptologie du musée du Louvre. Et si le soleil implacable n'avait pas encore transporté le désert africain aux portes de la capitale, aux moins ses trésors allaient pouvoirs s'offrir aux yeux ébahis du public parisien.

Justement, les journaux ne tardèrent pas à mettre l'activité muséographique de M. Verne au même plan que les humeurs du thermomètre. Mais pas tout à fait à son crédit cependant : car c'est un fait divers – ou plus justement une rumeur – qui attira l'attention journalistique sur l'exposition. En effet, les ouvriers chargés des travaux d'aménagement rapportèrent la présence d'une silhouette blanche et furtive, déambulant nuitamment parmi les reliques pharaoniques, et se jouant des murs comme s'ils n'étaient que mirages. La presse populaire ne tarda pas à s'emparer du sujet, faisant ses manchettes sur un supposé fantôme du Louvre – certains n'hésitant pas à évoquer le retour de Belphégor, démon de sinistre mémoire. Piquée par la curiosité, il n'en fallu pas plus pour que votre obligée ne s'en enquît.

Et donc, le mercredi 29 janvier 1930, à 19h30 pour être précise, se tint l'inauguration de ce fameux département d'égyptologie du Musée du Louvre par le Président de la République Gaston Doumergue, en présence de M. Verne, d'égyptologues, de mécènes, de représentants du gouvernement, de journalistes, de pic-assiettes, et en l'absence remarquée mais prévisible du fameux fantôme.

Le Président Doumergue ne s'attarda pas, et céda la place à M. Verne après avoir coupé le ruban d'usage. M. Verne fit un beau discours, sur la culture, la France, l'Histoire, et bien sûr l’Égypte. Il remercia pour sa collaboration M. Alexandre Moret, le président de la Société Française d’Égyptologie, lequel déjà couperosé réagit avec latence. Il remercia également les nombreux mécènes, et tout particulièrement M. Voight pour sa générosité intarissable. Puis, après avoir répondu à deux-trois questions de journalistes et débouté sans délicatesse votre narratrice (« non, mademoiselle, je peux vous assurer qu'il n'y a pas plus de fantôme au Louvre que de gargouille sur la Tour Eiffel »), il invita tout le monde à passer au buffet.

Parmi les invités se trouvait Mlle Alicia Willis. Américaine, elle était connue pour ses frasques maritales – cinq mariages, trois divorces, un veuvage, et une fortune établie sur le dos de ses infortunés époux. Le dernier en date avait tenté de les cryogéniser tous deux pour survivre aux siècles, et elle n'avait eu la vie sauve que par l'intervention du Nyctalope. Une affaire qui, vous vous en souvenez certainement, avait fait les gros titres et passablement terni sa réputation. Et l'on s'accordait effectivement à dire qu'elle était d'un abord aussi glacial que sa beauté était rayonnante.

Connaissant sa réputation de Don Juan, c'est sans surprise que je vis aller à la rencontre de la belle héritière monsieur Viktor Voight, le célèbre inventeur, génie, milliardaire et philanthrope, et détenteur des non moins célèbres Industries Voight. Le gentleman se présenta avec toute la courtoisie du monde, et devisa de leur passion commune pour l'art et les ravissements de l'esprit. Pourtant, la fine observatrice que je suis décela un petit quelque chose d'indéfinissable dans le regard de monsieur Voight, comme s'il cherchait autant à provoquer son interlocutrice qu'à percer au-delà de son apparence, pourtant ravissante. Deux autres convives se joignirent bientôt à eux : un certain Lord Waldrip, industriel et dandy également mécène du musée, et un savant, le docteur Ernest Martin, dont je ne sait trop ce qu'il faisait là (j'appris plus tard qu'il avait été invité par son ami le célèbre architecte Le Corbusier). Et vous verrez plus tard que ce trio aura son importance dans l'histoire.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Mer 4 Sep 2013 00:17

Avec les compliments du Passe-Muraille

Partie II


Je délaissais momentanément le détail des autres convives pour tenter de m'approcher des responsables de la soirée. M'étant immiscée dans l’événement à fins d'enquête, il fallait que je tâche d'en apprendre plus sur le fantôme du Louvre. Passant mon bras à celui de mon ami Étienne, invité fort à propos en tant qu'ouvrier des rénovations du musée, j'allai directement à la rencontre du directeur Verne.

Vous trouverez sans doute étrange de s'acoquiner d'un ouvrier pour aller à la rencontre d'un directeur de musée. Et bien, détrompez-vous, car la manœuvre était parfaitement astucieuse, et je vais vous dire pourquoi. Il se trouve que mon maçon d'ami – et ceux d'entre vous qui ont bonne mémoire se souviennent que je vous ai déjà parlé de lui : le fameux Gavroche d'Acier qui me sauva d'un effondrement à Belleville – est un bonne relation de l'homme. C'est même ce dernier qui lui trouva un toit et un travail lorsque, sans famille ni passé, il dû trouver sa place dans la société. Car Étienne m'a confié s'être éveillé, nu et amnésique, dans un étrange sarcophage rapporté d'Antarctique par Charcot, et depuis conservé dans les réserves du muséum. Ainsi, pourrait-on dire, Henri Verne fut le premier lien de mon ami avec le monde des vivants. Et maintenant que vous savez l'histoire, je peux reprendre mon récit.

Il fut donc facile de s'approcher de monsieur Verne. Ce qui en revanche le fut moins, fut de lui tirer les vers du nez. Il ne voyait dans cette histoire de fantôme qu'un canular pour enflammer la plèbe, et, comme de toute façon rien n'avait été volé, il n'y avait pas matière à s'en soucier. Et malgré la présence d’Étienne à mes côtés pour soutenir mon propos, l'estimable directeur ne m'accorda pas la moindre attention. Et sitôt qu'il eût établi qu'il n'y avait pas de fantôme et que l'affaire était close, il s'esquiva rudement pour aller serrer d'autres mains.

Je considérais un moment me rapprocher de l'égyptologue Alexandre Moret, pour lui poser deux-trois questions sur les fantômes égyptiens et les malédictions des pharaons. Il n'était pas bien difficile à trouver : juste à côté du buffet, une coupe de champagne à la main et une beauté exotique au bras. Manifestement éméché, il discutait avec un homme élégant (un attaché du ministère me dit-on) avant d'être rejoint par notre trio de tout à l'heure, l'américaine, l'engliche et le docteur.
Doutant de pouvoir placer mes questions entre les compliments et le champagne, j'attrapais plutôt Étienne par la main et le traînais vers les collections, afin que nous puissions enquêter nous-mêmes sur cette énigme.

Il se trouva que nous ne fumes pas les seuls à nous éloigner de la réception. L'anglais Waldrip faisait de même de son côté, lorsque Étienne et moi entendîmes distinctement sa voix : « Au feu, criait-il avec son léger accent, au feu ! » Nous nous précipitâmes en direction des cris, et découvrîmes une salle entière en proie aux flammes. Rejoints par miss Willis, nous revînmes tous sur nos pas à vive allure pour prévenir les autres invités, alors que l'odeur âcre de la fumée commençait à se répandre.

Sitôt alerté par nos soins, Henri Verne s'empressa de prévenir le service de sécurité, aidé de M. Voight qui contacta les pompiers. Pour notre part, nous aidâmes au mieux les convives à évacuer dans le calme. Tout le monde se trouva réuni dans la Cour Carrée, alors que l'on pouvait entendre les sirènes des pompiers qui arrivaient.

C'est alors qu’Étienne remarqua quelques chose de singulier : des silhouettes qui courraient sur le toit du musée ! Aussitôt, il se mit à les poursuivre depuis le sol. Lord Waldrip, miss Willis et le docteur Martin lui emboîtèrent le pas. Ils détalèrent tous hors de vue, alors que je prévenais Verne que des individus suspects venaient d'être vus en train de détaler : il fallait prévenir la police !
Cette dernière arriva quelques minutes plus tard, alors que les pompiers arrosaient le bâtiment en feu. Le calme étant un peu revenu, je décidais de rejoindre mon ami, et de voir s'ils avaient pu intercepter les individus. Je le trouvais à l'extrémité du palais, assemblé avec les autres poursuivants autour d'une forme au sol, et regardant un petit dirigeable personnel disparaître au-dessus des Tuileries. Alors que M. Verne nous rejoignait, Étienne m'expliqua ce qu'il s'était passé.

Ils avaient poursuivi les fuyards depuis le sol, alors qu'ils remontaient l'aile du musée par le toit. Il y en avait cinq en tout, avec un colosse à leur tête. Le docteur Martin avait disparu, avant de réapparaître juste derrière les malfaiteurs, et avait immobilisé le dernier d'un simple toucher. D'ailleurs, il avait prévenu les pompiers, qui s'occupaient de déloger le malheureux, hagard et la bave aux lèvres, tandis qu’Étienne poursuivait son récit. Lui-même n'avait eu aucun mal à rester à hauteur de fuyard, talonné par Waldrip, et il les dépassa même. Arrivant à l'extrémité du musée, il se retourna pour voir ce qu'allaient faire les individus lorsqu'ils parviendraient au bord du toit. C'est alors qu'il entendit derrière lui un bruit de moteur qui se rapprochait : un zeppelin survolait le jardin des Tuileries en direction du Louvre ! Était-ce le plan des brigands pour s'échapper ?

Pendant ce temps, Waldrip avait disparu. Au moment ou Étienne le remarquait, une nuée noire et bourdonnante s'éleva dans les airs. Mais le dirigeable s'approchait à hauteur du bâtiment, et bientôt une échelle se déroula. Les individus sautèrent l'un après l'autre, mais le dernier, au moment ou il étreignait les barreaux, fut soudainement submergé par la nuée noire. On entendit d'effroyables cris de douleur, mêlés au vrombissement de milliers d'insectes, et l'homme s'écrasa comme une masse au pied du palais, le corps réduit à un amas de lambeaux sanguinolents. Le dirigeable s'éloigna néanmoins hors de portée, sous le regard impuissant d’Étienne maintenant rejoint par le docteur et une Alicia essoufflée. Tous trois tournèrent alors leur attention vers le cadavre mutilé à leurs pieds, en se demandant ce quelle abomination avait bien pu causer ce carnage.

Waldrip réapparu sur ces entrefaites. Il expliqua à Étienne qu'il était passé de l'autre côté de l'aile du palais par la Porte des Lions, au cas où les brigands auraient tenté de fuir par la Seine. Il se montra aussi choqué que les autres à la vue du corps massacré, et bien incapable de fournir une explication.
Ce furent le docteur Martin et M. Verne qui trouvèrent l'origine du massacre. Les plaies étaient celles de milliers de minuscules morsures qui avaient dévoré le pauvre homme, parfois jusqu'à l'os. Cela associé à la vision du nuage noir vrombissant qui l'assaillit, on conclut que le bandit avait été attaqué par un essaim de scarabées nécrophages d’Égypte. Voilà que l'affaire prenait un tournant inattendu . Ces animaux avaient-ils un quelconque lien avec l'incendie, ou avec la fuite des malfaiteurs ? Avaient-ils été libérés d'un antique artefact ? Pour l'instant, le mystère restait entier, et même quelque peu épaissi.

De retour sur les lieux de l'incendie, la situation s'apaisait peu à peu. Deux policiers embarquaient le malheureux repêché sur le toit, que le docteur Martin sorti de son état végétatif d'un contact de la main. Il proposa aux policiers ébahis de passer le lendemain pour s'assurer de la santé du prisonnier. De même, Etienne, Waldrip, miss Willis et M. Verne convinrent de se rendre le lendemain au Quai des Orfèvres pour faire leur déposition. Et comme le calme était revenu, que les invités commençaient à rentrer et qu'il faudrait une bonne partie de la nuit aux pompiers pour maîtriser l'incendie, on décida que cela suffirait pour la soirée.

Avant de partir, on chercha M. Moret pour voir s'il se portait bien. L'homme commençait à avoir de l'âge, et il avait su bien apprécier le champagne au cours de la soirée. Il ne fut trouvé nulle part, mais on appris que, faisant un malaise, il avait été conduit à un taxi par sa compagne indienne et un homme élégant un peu plus tôt. Cela étant, nos protagonistes décidèrent de regagner eux aussi leurs véhicules. Et c'est ainsi faisant que se présenta la dernière énigme de la soirée : en empruntaient le passage qui mène de la Cour Napoléon à la rue de Rivoli, on senti une prenante odeur d'encens.Comme une bouffée odorante, dont la provenance restait mystérieuse. Il n'y avait personne dans les environs, ni aucune source visible de la fragrance, qui était là comme si l'on avait brisé une bouteille de parfum juste en cet endroit, où comme si une bourgeoise en avait profité pour se repomponner avant de monter en voiture. Malgré l'incongruité de la chose, personne ne put avancer d'explication, aussi resta-t-on en là, et chacun regagna ses pénates.
Dernière édition par L'Homme Vaporeux le Sam 19 Oct 2013 18:42, édité 1 fois.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Jeu 5 Sep 2013 00:11

Bravo et merci.

Vivement la suite.

Lord Anaon, un brin séduit par cette Céline Kilian... :P
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Sam 19 Oct 2013 19:30

[Edit du dernier paragraphe du post précédent: j'avais omis un élément qui aura son importance.]

Avec les Compliments du Passe-Muraille

Partie III

De bonne heure le lendemain, notre équipée se retrouva donc au Quai des Orfèvres, où le commissaire Maigret, chargé de l'affaire, les fit entrer dans son bureau. Il écouta attentivement l'histoire : l'incendie, le fuite sur le toit, le dirigeable... il se montra intéressé par l'hypothèse de la diversion, choqué par l'attaque des scarabées. Maigret promis de communiquer ces informations aux équipes dépêchées sur place, et de voir si aucun artefact avait été volé. On termina par l'absence de Moret à la fin de la soirée, mais, fit remarquer le commissaire, un soupçon ne fait pas une disparition.

Or, ce fut justement le moment que choisit M. Verne pour appeler le commissariat : il s'inquiétait pour Alexandre Moret, qui n'avait pas donné signe de vie depuis la veille au soir. Sa femme elle-même ne l'avait pas vu rentrer, et elle avait aussitôt interrogé le directeur des musées à ce propos. Maigret demanda donc à Verne de venir au plus vite, et plaça cette nouvelle affaire en priorité : était-elle liée en quelque façon à l'incendie du Louvre ?
Il fallait le découvrir au plus vite. Et justement, on avait un suspect sous la main à interroger. Le docteur Martin se proposa, faisant valoir son expertise en sciences cognitives pour faire parler l'individu revêche. La séance fut courte : les manières trop policées du savant n’impressionnèrent guère le gaspard, qui le rembarra d'une insulte bien sentie. Waldrip demanda alors un tête à tête avec le bandit dans sa cellule, sans oreilles indiscrètes. Un peu dubitatif, Maigret accepta néanmoins. Tout le monde s'éloigna, laissant le lord anglais enfermé avec l'autre patibulaire. Nul ne sait ce que Waldrip fit ou dit, mais au bout de seulement quelques instants, l'autre hurla pour qu'on « sorte ce monstre » de sa cellule, et qu'il dirait tout. Et effectivement, après que Waldrip se fut éloigné avec un sourire énigmatique sur le visage, il passa à table : il avait été engagé avec d'autres par un certain Babau, dans un rade du XVIIIe nommé le Vieux Chasseur. Ils devaient seulement déclencher un incendie, et avaient le droit de prendre ce qu'ils voulaient. Un boulot facile et bien payé.

Interrogé sur ce fameux Babau, il précisa : un colosse roux au regard de braise, la tignasse et la barbe hérissées, un barreau de chaise vissé aux lèvres. C'était lui le pyromane ; il pouvait cracher des flammes plus chaudes que les feux de l'enfer. Babau avait au moins un autre acolyte et bossait pour un commanditaire, sans plus de détails. Bizarrement, ce dernier n'avait demandé aucun butin.L'homme dit en revanche tout ignorer d'une disparition ou d'un enlèvement. Mais en simple homme de main, il s'est contenté de faire ce qu'on lui a dit et n'a pas cherché à en savoir plus.

Des pistes commençaient à se préciser. Un acte criminel prémédité, un mystérieux commanditaire, et même un surhomme : l'affaire prenait de l'ampleur.
A peine de retour dans le bureau du commissaire, une secrétaire signala que M. Verne venait d'arriver. Maigret l'invita à les rejoindre, lui détaillant les informations recueillies. On exposa l'idée que l'incendie avait pu être une diversion, et que la véritable cible n'aurait été autre que Moret. Le commissaire incita l'honorable directeur à se remémorer tout élément d'importance.

Henri Verne, fouillant dans ses souvenirs, raconta alors une curieuse histoire. Ce mystérieux fantôme, vous vous souvenez ? Et bien, le directeur savait pertinemment qu'il s'agissait d'un individu en chair et en os : en effet, il avait constaté que des documents avaient été fouillés, des traces de pas retrouvées, des objets déplacés. En revanche, il n'y avait pas eu de vol. Et comme il craignait qu'une enquête de la police retarde la fin des travaux et la réouverture du musée, il n'avait pas fait de déposition. Et voilà que le bon monsieur Verne se demandait soudainement s'il n'y avait pas un lien avec tout cela. Manifestement, quelqu'un s'intéressait à quelque chose dans le musée qu'il n'avait pas trouvé.

Racontant cela, Verne se remémora soudain autre chose, qu'il se reprochait maintenant de ne pas avoir dévoilé plus tôt. Quelques semaines auparavant, il avait été contacté par un prétendu négociant en art et antiquités. Un individu désagréable, au fort accent belge, nommé Stapleton, ou Tartleton, quelque chose comme ça, et dont il n'avait jamais entendu parler. L'homme disait représenter un richissime collectionneur désireux d'acquérir une certaine relique égyptienne : la momie de Neferhotep, ainsi que son mobilier funéraire. Or, cette momie faisait partie des découvertes ramenées d’Égypte par Bonaparte, et comme la plupart des pièces de cette époque, elle avait été égarée au cour des ans.
Maintenant, Verne n'avait ni le temps, ni la patience, ni même l'envie de faire cette recherche pour cet individu, et par ailleurs n'étant pas dans les habitudes du musée de céder des pièces à des collections privées, il manifesta son refus, certes poliment, mais avec fermeté. Et comme par la suite il n'avait plus entendu parler de cet homme, il ne s'en était plus soucié.
Il y avait en revanche un fait troublant: Moret s'était occupé quelques années plus tôt de l'inventaire du fond égyptologique lors de son transfert de la Bibliothèque Nationale au Louvre. Ayant eu à répertorier l'ensemble des pièces acquises, Il était par conséquent le mieux placé pour répondre à la demande du personnage.

Le commissaire pris une profonde inspiration. Une piste commençait à se dessiner : ce fameux négociant, devant le refus du directeur, aurait-il pris l'initiative de faire cambrioler l'objet de sa convoitise ? Puis, ayant échoué à le trouver, aurait fait kidnapper l'homme le plus susceptible d'en connaître la cachette?
Bien que cela puisse sembler cohérent, toute l'affaire paraissait grotesquement disproportionnée : Figurez-vous, l'incendie d'un musée prestigieux, puis l'enlèvement d'un notable, tout cela pour de vieux ossements ?

Mais dans tous les cas, il fallait en avoir le cœur net. Maigret mit tout de suite ses équipes au travail : recherches d'historique sur cet étrange négociant belge, idem pour le fameux Babau, a priori inconnu de son service.
Restait la piste du Vieux Chasseur. Malheureusement, les ardeurs furent bien vite refroidies : le troquet est connu pour être un repaire des Habits Noirs ; difficile pour la police d'y faire une descente sans risquer l'escalade. C'est alors que nos valeureux amis se proposèrent d'aller y enquêter eux-même, sûr de réussir à éviter les soupçons. Waldrip, miss Willis et Étienne se rendirent donc dans le XVIIIe, tandis que Martin décidait d'aller enquêter au Louvre, désireux de trouver l'origine de l'odeur perçue la veille.

Le vieux chasseur était un établissement somme toute assez anodin. Un peu défraîchi, certes, mais rien qui ne le distinguât de n'importe quel autre café de quartier populaire. A peine la porte franchie, l'atmosphère empesée, alourdie par la fumée de cigarettes, leur pris la gorge. La salle était presque vide. Un tenancier indifférent passait un chiffon sale sur le comptoir, tandis que quatre individus en complet veston faisaient une belote. Des regards noirs accueillirent leur entrée, mais personne ne bougea. Sentant le poids des yeux braqué sur eux, nos trois acolytes vinrent s'accouder au comptoir. Waldrip commanda avec flegme un scotch, qui lui fut servi sans plus de mots que de délicatesse. Avalant une gorgée d'alcool, il risqua une question au barman : Babau, un colosse roux, cela lui disait-il quelques chose ?

« Finis ton verre et dégagez d'ici » fut la réponse lapidaire de l'autre, l'ombre d'une menace dans la voix.

L'anglais garda son calme. « je me suis sans doute mal exprimé » murmura-t-il avec un sourire, en faisant glisser un billet de cent francs sur le zinc.

Le gaillard explosa dans un rire tonitruant. De sa grosse voix, il interpella les joueurs de carte : « Hé, Michel ! J'ai ici un p'tit monsieur qui me propose un bifton pour que j'ouvre mon clapet ! Faudrait voir à lui apprendre les bonnes manières, à ce gus, tu penses pas ? »

Les quatre types se levèrent tranquillement, sans un mot, et vinrent se placer derrières nos amis. Waldrip senti le bout d'un canon qu'on plaquait dans son dos. « Bon les marioles, fini de plaisanter. Vous allez sortir bien gentiment, et y aura pas de casse. »

Sans ménagement, ils les dirigèrent vers la sortie. Alors qu'ils avançaient, Alicia senti un léger relâchement de la pression dans son dos. Profitant de l'opportunité, elle tenta de saisir discrètement la jambe du gangster. Son geste fut trop brusque ; l'homme s'en aperçu, et lâcha un juron en même temps que le coup de feu partait. Soudain, la bagarre éclatait !

Malgré des réflexes prompts, Alicia fut touchée. L'homme derrière Waldrip fit feu à son tour, dans un râle de colère. Mais le Lord fut plus agile, et réussit in extremis à esquiver le coup pourtant dans ses reins (NdMJ : malgré 2 en Prestesse et pris par surprise!). Étienne fut la cible des tirs des deux hommes restants. Devant les yeux ébahis de ses adversaires, le buste et les bras du jeune homme se couvrirent instantanément de plaques de métal, sur lesquelles les balles vinrent ricocher. D'un fulgurant direct du droit, il pulvérisa le crâne d'un de ses agresseurs, qui n'eut même pas le temps de réagir. Profitant de la confusion, Waldrip se réfugia derrière le comptoir. Alicia quant à elle parvint à saisir celui qui l'avait blessée. Ses yeux de glaces plongèrent profondément dans le regard apeuré de l'homme, qui sentait la chaleur de la vie le quitter sous l'étreinte glacée de la belle qui, elle, retrouvait toute sa superbe. Dans un effort désespéré, il parvint à faire feu une seconde fois : l'américaine s'écroula au sol, le libérant de son étreinte.

Soudainement, un essaim noir et vrombissant s'éleva dans la pièce et se rua sur l' un des individus terrifié, qui eu juste le temps de se réfugier sous une table. La nuée de scarabées (car c'était bien la même que celle de la veille) le harcela malgré son refuge, et l'homme dévoré de toutes parts pris ses jambes à son cou, réussissant de justesse à échapper à la marée vorace par la porte de derrière. Pendant ce temps, le Gavroche d'Acier alignait pour le compte son deuxième adversaire d'un crocher magistral, avant de neutraliser pareillement celui qui s'en était pris à Alicia.

Les coléoptères disparurent, et le calme revint peu à peu. Waldrip émergea alors, un peu confus, demandant ce qui s'était passé, alors que Étienne portait assistance à la blessée. Toutefois, et malgré le carnage, il restait un homme à interroger.

Le barman passa vite aux aveux : Oui, effectivement, quelques jours auparavant un certain Babau était venu : costaud, tignasse rousse et hirsute, cigare au bec. Au début, les Habits Noirs ont assez mal pris qu'un étranger vienne marcher sur leur plate-bandes et le lui ont fait savoir. Mais quand le bonhomme s'est mis à encaisser les balles et à cracher du feu, ils l'ont laissé mener son affaire.
En fait, Babau était venu pour recruter. Un boulot facile et bien payé, « pour ceux qu'ont du cœur au ventre » avait-il dit. Un peu plus tard, une collègue à lui, une basanée qui se faisait appeler Mme Ambuda, était venue chercher d'autres hommes et leur avait donné un rendez-vous à Poissy.
« Encore une chose », averti le barman avant qu'ils ne partent. « Ces gens-là, le rouquin et l'indigène, c'est pas des criminels ordinaires. Je sais pas pour qui ils bossent, mais j'peux vous dire que même les patrons, ils étaient pas tranquilles. Vous savez pas où vous mettez les pieds, j's'rais vous, j'tremperais pas dans cette affaire. »

Nos amis quittèrent le troquet en réprimant un frisson. Tout compte fait, cela aurait pu se passer plus mal. Il avaient obtenus les renseignements qu'ils voulaient, mais l'une d'entre eux était gravement blessée : il fallait la conduire d'urgence à l'hôpital. Ils regagnaient à la hâte la voiture de Wladrip, lorsqu'un détail les arrêta sur place : non loin du Vieux Chasseur, ils sentirent comme une bouffée d'encens. La même odeur que la veille ! Et l'indigène dont le barman a parlé, ce pourrait-ce.. cela pourrait-il être la belle indienne qui accompagnait Moret hier soir ? Waldrip battit l'air aux alentours, à la recherche d'une présence invisible, en vain. Sitôt qu'Alicia serait hors de danger, se dit-il, il faudrait tirer tout cela au clair.
Dernière édition par L'Homme Vaporeux le Mar 29 Oct 2013 02:48, édité 1 fois.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Sam 19 Oct 2013 22:19

Merci HV, c'est toujours un plaisir de lire tes CR.

J'ai hâte de connaitre le dénouement de cette aventure (même si je connais déjà le scénario)

Lord Anaon, lecteur assidu de l'Excelsior... :P
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Mar 22 Oct 2013 01:01

Merci, à toi, c'est toujours agréable de savoir être lu. J'ai conservé le déroulement général du scénario, mais j'ai un peu brodé et réarrangé ça et là... et j'ai aussi préparé quelques petites surprises pour la suite ;)

Et sois soulagé, la suite ne devrait pas tarder...
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Ven 25 Oct 2013 20:40

T'inquiète pas, tu es lu, vu le nombres de visite sur ce post.

Je pense que tes lecteurs n'osent pas t'écrire un petit mot, intimidés par ta plume. ;)

Lord Anaon, porte-parole de tes nombreux lecteurs anonymes... :P
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