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[CR] Les Mystères de l'Impossible

Présentez vos personnages, vos groupes et vos histoires

Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Mar 29 Oct 2013 03:09

Bon, je comptait boucler l'histoire en un coup, mais tant pis, ce sera pour la prochaine fois. En attendant la conclusion, voici toujours la suite de...

Avec les Compliments du Passe-Muraille

Partie IV


Après avoir déposé miss Willis à l'Hôtel Dieu, Étienne et Maximilian retournèrent au Quai des Orfèvres pour faire le point. Le docteur Martin était lui aussi revenu, son enquête ayant fait chou blanc. Le commissaire Maigret les briefa sur ce que ses services avaient pu apprendre :

Tout d'abord, on avait contacté Madame Moret, puis certains des invités de la veille, puis tous les hôpitaux de la ville. Moret avait bien été vu, en compagnie d'un homme et d'une femme non identifiés, partir prendre un taxi. Mais il n'est pas rentré chez lui, non plus qu'il a été admis à l’hôpital ; sa disparition se confirmait.

Au Louvre, l'incendie avait fait trop de dégâts pour que l'on puisse dire avec certitude s'il y avait eu vol ou non. Des empruntes avaient tout de même pu être relevées, et certains bris tenaient indubitablement du vandalisme. La thèse de l'acte criminel était ainsi validée.

Babau était inconnu des services de police de la capitale, mais possédait un casier dû à une lourde activité criminelle dans le Sud-Ouest, entre Perpignan et Carcassonne. De son vrai nom Marek Dragowski , il tirait paraît-il son alias d'une sorte de dragon folklorique de Rivesaltes. Il aurait été responsable d'une dizaine de cambriolages, destructions et incendies criminels. Son passé militaire faisait apparaître qu'il avait servi dans une unité expérimentale de surhommes, où il se distingua par sa férocité et sa sauvagerie, mais aussi par une intelligence retorse. Un homme de toute évidence à ne pas sous-estimer.

Quant au mystérieux interlocuteur d'Henri Verne, il s'agissait d'un certain Eddie Templeton, négociant en art et antiquités, aventurier et chasseur de trésors. Soupçonné de complicité avec André Malraux en 1923 pour le vol d’œuvres khmères, il avait depuis été actif en Inde, Chine, Tibet et Égypte, travaillant essentiellement pour de riches collectionneurs. Inculpé de nombreuses fois, il était toujours parvenu miraculeusement à échapper aux filets de la justice, possiblement par l'intervention de ses accointances fortunées.
La police put retrouver sa trace au Royal Monceau, mais lorsque les homme de Maigret arrivèrent, il avait déjà rendu la chambre. En interrogeant le personnel, on apprit qu'il était accompagné d'une ravissante femme d'origine indienne.

Cela s'annonçait mal. Voilà que le ravisseur présumé était introuvable ! Il vint alors une idée à Waldrip : certainement que l'antiquaire avait déjà été en contact avec Moret ; et en fouillant dans ses papiers et ses agendas, il est sûr que l'on pourrait retrouver la trace de notre homme. Et cela conduisait naturellement à une deuxième piste : si Moret savait ou trouver la Momie, c'est qu'elle se trouvait dans son inventaire. Dès lors, il ne restait plus qu'à éplucher les registres pour découvrir son emplacement, où les brigands ne manqueront pas de se rendre ! Il n'y avait plus de temps à perdre, il fallait rendre une petite visite au domicile et au bureau de Moret.

A cet instant, le commissariat reçut un appel de Miss Willis. Elle se sentait mieux, et demandait qu'on vienne la chercher à l'hôpital. Une demande bien singulière, qui étonna nos valeureux amis. Cette jeune femme, qui deux heures plus tôt se vidait de son sang, se disait maintenant en pleine forme ! Et elle demandait à reprendre l'enquête, encore ! Mais l'heure n'était pas aux tergiversations. Waldrip et Étienne partirent la chercher, tandis que le docteur Martin se rendait au Collège de France..

Rendus à l'Hôtel-Dieu, force fut pour le lord et le titi de constater qu'effectivement, et contre toute prédiction, la charmante Alicia se portait à merveille. Le diagnostic des médecins incrédules le corroborait sans doute. Et bien qu'en quittant la chambre leur regard fut attiré par une cage sur une commode contenant deux lapins morts, ils s'abstinrent de poser des questions.

Madame Moret accueillit le trio le plus chaleureusement du monde. Devant le thé et les gâteaux au beurre , nos enquêteurs lui exposèrent leurs soupçons, requérant son aide pour retrouver l'époux disparu. Incrédule, elle écouta leur thèse de l'enlèvement. Hélas, elle n'avait jamais entendu parler du sieur Templeton, et fut attristée d'apprendre qu'une belle indienne accompagnait son mari le soir fatidique. D'ailleurs, à ce sujet, il demeurait étrange que M. Moret ne se soit pas rendu à l'inauguration en compagnie de Mme Moret, et qu'elle-même ait attendu le lendemain matin pour s'interroger sur son absence.

Ici, il faut faire justice à l'honorable dame qu'est Suzanne Moret – née Camicas – qui, elle même érudite, n'est ni sotte ni démunie, mais que l'amour a pu pousser, si ce n'est à nier certaines évidences, du moins à les recouvrir d'un voile pudique.

La vérité, qu'elle avoua en s'empourprant légèrement, était qu'Alexandre Moret se montrait coutumier du fait. D'ordinaire, elle ne souhaitait pas connaître la raison de ses découchages – elle en soupçonnait déjà suffisamment la cause dans une vie conjugale devenue morne avec les ans. Et au delà d'elle même, son mari avait une réputation qu'elle s'évertuait malgré tout à préserver. C'est pourquoi elle appela Verne plutôt que la police, le directeur étant un des amis proches de l'égyptologue, et le seul dans la confidence. Touchés par la révélation, nos protagonistes demandèrent bien humblement à accéder au bureau du mari volage, ce dernier recelant à n'en point douter la clef de l'énigme. Les sachant personnes de confiance, l'estimable Mme Moret accepta de leur confier la clef.

Pendant ce temps, Ernest Martin se matérialisait au beau milieu de la place Marcelin-Berthelot, face au majestueux portail du Collège de France. Pénétrant dans l'auguste bâtiment, il se dirigea d'un pas décidé vers le département idoine. Or dans son empressement, il bouscula un homme en contresens tout aussi hâtif dont les lourds dossiers tombèrent au sol. Confus, il l'aida à les ramasser, et ce faisant, voyant le gentilhomme d'un peu plus près, trouva à son faciès une familiarité indéfinissable. Poliment, il osa s'enquérir de son identité. L'affable homme répondit avec un sourire : François Dutilleul, attaché administratif au Ministère de l'Instruction Publique. Le docteur se souvint alors s'être entretenu brièvement avec ce monsieur lors de la soirée d'inauguration. Il lui souhaita donc une bonne journée, et l'autre reparti d'un pas leste.

Parvenu au bureau d'égyptologie, il s'assura d'abord si l'on avait revu M. Moret depuis la veille, ce qui, comme on pouvait s'en douter, n'était pas le cas. Il demanda alors qu'on lui sorte des archives tout ce qui avait trait à l'inventaire des pièces rapportées de la campagne d’Égypte. La bibliothécaire s'exécuta, et revint quelques minutes plus tard avec plusieurs lourds dossier. Elle s'excusa cependant, car il manquait deux volumes. En effet, un envoyé du ministère venait à l'instant de les sortir. Grands Dieux ! Dire que cela s'était passé juste sous son nez, et qu'il n'avait rien vu ! Dépité et furieux d'avoir laissé partir l'individu sans se douter de rien, Martin allait repartir, lorsqu'un détail incongru attira son attention ; sur la banque traînait un prospectus à l'encre fanée. « Oh, c'est l'homme avant vous qui l'a laissé là », dit nonchalamment la préposée aux archives. Martin examina le tract d'un peu plus près : il s'agissait d'une réclame pour une société de chauffage au radium, « Radia-Tor », dont les locaux se situaient à Poissy. Frappé par l'évidence, le docteur déguerpit dans l'instant.

Waldrip, Alicia et Étienne investiguaient méticuleusement le bureau de l'égyptologue. Parmi les dossiers, les carnets et les ouvrages spécialisés, Waldrip identifia un ensemble de notes relatives à l'inventaire des fonds, et parvint à trouver mention de l'antique Néferothep, grand prêtre de la XVIIIe dynastie. Tandis que son comparse égyptophile étudiait les biographies pharaoniques, l'américaine feuilletait avec attention les répertoires et agendas. Ils ne recelaient rien que de très ordinaire mais, en fine connaisseuse de la psychologie masculine, elle ne se laissa pas abuser ; et, par sa sagacité, finit enfin par dénicher dans le double fond d'un tiroir un graal relié de cuir. Par égard pour M. Moret, nous n'en dévoilerons pas le contenu ; il nous suffira d'avouer qu'on y trouva le nom de Mme Ambuda, assorti du numéro de l'hôtel Royal Monceau, et d'un rendez-vous posé pour l'inauguration. Ainsi, les indices concordaient: Templeton avait bien envoyé son orientale séduire le savant en vue de son kidnapping.

A peine ces découvertes faites, que le docteur Martin accourait. Les dossiers emportés par le fonctionnaire correspondaient en tout points aux références trouvées dans les notes de Moret : aucun doute que ce Dutilleul était lui aussi un complice de Templeton. Le docteur montra alors le prospectus : il s'était renseigné, l'entreprise Radia-Tor n'existait plus depuis bien deux ans, et l'adresse corroborait les informations obtenues au Vieux Chasseur. Sans perdre une minute de plus, ils saluèrent leur hôtesse et montèrent en voiture.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Dim 10 Nov 2013 14:48

Merci HV de nous régaler, une fois de plus, des prodigieuses aventures de ton petit groupe.
J'aime bien le détail de l'enquête (tes joueurs ont tout l'air de fins limiers !) et ta petite introduction de Dragowski.

Lord Anaon, abonné aux Mystères de l'Impossible... :P
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Dim 17 Nov 2013 01:03

Bah, j'avoue que je profite de ce CR pour broder un peu et combler quelques blancs de la partie (j'ai joué ce scénar plus tôt que prévu, aussi ma préparation était un peu incomplète et j'ai dû improviser quelques passages). Mais c'est vrai que mes joueurs s'en sont plutôt bien tirés, hormis l'épic fail du docteur Martin qui s'est contenté de hausser des épaules lorsqu'il a reconnu le type qui accompagnait Moret à la soirée! :roll:
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Dim 17 Nov 2013 03:22

Et bien enfin nous y sommes, après une longue attente, voici la suite et fin de...

Avec les Compliments du Passe-Muraille

Partie V


L'après-midi étirait ses dernières heures lorsqu'ils parvinrent aux abords de Poissy. Il s'engagèrent dans la zone industrielle, qui connu son apogée au début des années 20 grâce au secteur automobile, mais qui désormais commençait à accumuler les friches. S'engageant le long d'une voie ferrée désaffectée, ils ne tardèrent pas à trouver l'entrepôt Radia-Tor. Le bâtiment semblait avoir été délaissé de bonne date. Pourtant, juste à côté se trouvait amarré un petit dirigeable, et une lueur vacillante dansait aux carreaux ternis placés haut sur les murs.

L'équipe s'approcha précautionneusement. Étienne fit le tour du bâtiment pour en trouver les accès ; en plus des grands doubles ventaux en façade, il trouva deux portes latérales vers l'arrière, une de chaque côté. Le lord, le titi, l'héritière et le docteur tinrent conciliabule. L'heure était à l'action, et le moindre faux pas pourrait leur coûter.

« Je crois avoir deviné, commença l'anglais, que nous possédons tous ici des talents singuliers. Il serait bon, je pense, que nous jouions cartes sur table afin de parvenir à un plan adéquat. »

Tous opinèrent, et dans le secret de leur réunion, se dévoilèrent mutuellement les dons uniques dont ils étaient pourvus. Cela fait, la marche à suivre se dessina. Le docteur Martin disparut soudainement, pour réapparaître sur le toit de l'entrepôt. Par la verrière, il put voir ce qui s'y déroulait. Réapparaissant aux côté de ses camarades, il le leur exposa : cinq hommes occupaient l'espace, faisant visiblement passer le temps. Tout au fond se trouvait un petit préfabriqué surélevé, sans doute le bureau de la direction. Une lumière dessinant des ombres mouvantes en provenait.

On décida que le mieux était de pénétrer discrètement par l'arrière du bâtiment, à proximité du petit local, en évitant les sbires dans la grande salle. Miss Willis, Étienne et Martin allèrent se placer derrière la porte tandis que Waldrip s'éclipsait ; peu après, la fameuse nuée de scarabées apparut, et se faufila dans l'édifice par un carreau brisé. Les créatures entrèrent sans être détectées, passant de zone d'ombre en zone d'ombre, jusqu'au local du fond. Se tassant sur l'un des murs à proximité d'une fenêtre, les coléoptères, doués semblait-il d'une conscience de quelque sorte, purent espionner ce qu'il s'y passait.

Ligoté sur une chaise, apeuré, fatigué, contusionné, le malheureux Moret subissait les harcèlements d'un dandy irrité, vêtu à la coloniale, tirant nerveusement sur sa moustache en guidon. Son immanquable accent bruxellois finit de l'identifier comme Templeton. La sublime indienne vue à l'inauguration assistait au spectacle avec un air amusé, tandis qu'un colosse roux calmait son impatience en tirant de grosses bouffées rageuses sur son cigare. Restait un homme mince en costume clair, adossé au mur avec indifférence. La clique des criminels était réunie au grand complet : Templeton, Mme Ambuda, Babau, et certainement ce monsieur Dutilleul.

L'infortuné égyptologue parcourait nerveusement le registre que l'autre lui tenait en aboyant. Soudain , il trouva ce qu'il cherchait. Templeton s'esclaffa , et d'un geste empressé décrocha le combiné d'un téléphone posé sur le bureau. La ligne avait dû être raccordée, car il demanda un numéro à l'étranger. Bientôt, il fut en communication :

« Oui, monsieur M, j'ai finalement localisé l'objet... Tout à fait... ce soir sans faute, entendu. »

Sitôt raccroché, il revint à ses comparses. Toisant d'un regard dédaigneux l'homme en habit clair, il lui adressa une mallette. « Votre part, comme convenu », crachat-il.

« Alors, nous en avons terminé. Ce fut un plaisir », fit l'autre narquoisement.

Se tournant vers Babau et Ambuda tout en enfilant sa redingote, Templeton continua :

« Ma douce, il est temps d'y aller. Babau, nettoyez tout ça puis prenez le dirigeable ; vous viendrez nous chercher. » Puis, saisissant une barre à mine appuyée dans un coin, il pris la main de la femme dans la sienne. « A la Bastille » fit-il. Et tout deux disparurent dans une volute de fumée au parfum d'encens.

Dans l’intervalle, le garçon, la lady et le docteur s'étaient faufilés par la porte latérale ; puis s'étant glissés jusque dans l'ombre du préfabriqué, tendaient l'oreille à la discussion qui s'y déroulait. Soudain, le grincement des marches métalliques les arrêta net : avant qu'ils aient le temps de réagir, Babau se trouva face à eux. Dissipant sa surprise, le colosse éructa un juron teinté de l'accent chantant du Sud-Ouest. Nos valeureux amis se mirent immédiatement en garde, prêts à en découdre ; mais le gaillard se fendit d'un sourire carnassier, puis, tirant férocement sur son havane rougeoyant, crachat soudain une gerbe de flammes.

Par bonheur, personne ne fut brûlé par le souffle ardent. Mais ils comprirent bien vite la manœuvre du bandit : enflammant la cloison derrière eux, il leur coupait toute retraite ! Voilà qu'ils étaient coincés entre un incendie et un criminel sans pitié ; il leur faudrait se battre ou périr. N'écoutant que son courage, Étienne, rompu à l'art de la boxe anglaise, bondit le poing en avant. L'autre reçut le coup de plein fouet, mais ne vacilla même pas. Le combat s’annonçait bien inégal. Pourquoi ses pouvoirs ne se manifestaient-ils pas? se demanda le garçon en esquivant le poing du goliath. Alicia vint au secours de son compagnon, et tenta par son don cryonique de geler le sang de leur opposant. Hélas, pour souffler de telles flammes, les entrailles du gaillard devaient être les forges de l'enfer, et la jeune femme ne su vaincre l'impossible chaleur qui s'en dégageait.

L'affrontement et les flammes qui se propageaient attirèrent l'attention des hommes de mains. Ceux-ci accoururent, et commencèrent à faire feu en direction de la mêlée. Le docteur Martin eu la présence d'esprit de faire apparaître une lourde caisse au dessus de l'un d'entre eux, ce qui le neutralisa efficacement. Quant à la nuée répugnante des coléoptères égyptiens, elle fondit sur deux autres, les plaquant à terre en les submergeant. Mais malgré ce petit succès, la situation restait critique, tandis que Babau continuait à embraser son cigare et à cracher du feu. Pensant y voir l'origine de la menace, Étienne écrasa son poing sur la trogne du rouquin, pulvérisant son corona. Hélas, cela ne fit qu'attiser la colère de l'autre, qui, crachant son mégot émietté, prit une profonde aspiration qu'il expectora en un maelström ignescent. Les flammes enveloppèrent le pauvre Étienne, qui senti soudain un bouleversement, accompagné d'un léger cliquetis métallique : voilà que ses bras et son torse se recouvraient de parties mécaniques !

Face à son adversaire enragé, le garçon-robot, bien qu'assez gravement blessé, se redressa avec un air de défiance. Dans un cri de colère, il abattit son lourd poing de métal sur le géant roux, qui enfin recula. Une nouvelle gerbe enflammée vint en réponse, mais se sachant en mauvaise posture, le colosse tenta de prendre la tangente. Parant à l'esquive du brigand, Étienne lui adressa un coup formidable qui l'envoya percuter le mur en feu. Le choc fut tel que plusieurs poutres cédèrent et vinrent s'abîmer sur le gangster, qui disparut dans un chaos de fer et de flammes.

Pendant ce temps, des renforts étaient venus prêter main forte aux autres bandits. Alors que le docteur prenait soin de rester en retrait, Alicia et les insectes voraces avaient fort à faire. Mais lorsque leur dernier adversaire tomba, le corps déchiré par une multitude d'échardes de glace écarlate, ils aperçurent du coin de l’œil qu'une silhouette furtive, comme un fantôme, avait terrassé les trois hommes restants. Cette dernière leur adressa un salut, avant de disparaître à travers un mur.

L'incendie ravageait maintenant la bâtisse de tôle, et ce n'était qu'une question de temps que tout ne s'effondra. C'est alors qu'Alicia rappela : il restait un égyptologue à sauver ! Ils accoururent vers le préfabriqué, mais hélas ! Trop tard. Les flammes achevaient de le consumer. A la hâte, ils sortirent de l'entrepôt, de peur de finir eux aussi en petits tas de cendres. Quelle ne fut pas leur surprise de trouver à quelques pas de là, éclairé par la lueur des flammes et perdu comme une poule dans un musée, le pauvre professeur Moret ! Encore hébété, le savant restait planté benoîtement, bien que libéré de ses liens. Le trio accourut, vite rejoint par Waldrip, et, tout en s'assurant de la santé de l'homme, s 'étonna de ce prodige.

« L'homme élégant m'a libéré, fit humblement le professeur. Oh, et il m'a chargé de vous dire que le Passe-Muraille vous adresse ses compliments», 

Tout le monde resta perplexe. Un bien curieux personnage que ce Passe-Muraille ! D'abord complice des bandits, puis secours inespéré ? Mais enfin, Moret était sain et sauf, et c'était là l'essentiel.

Pour autant, tout n'était pas réglé. Avant de disparaître, Templeton avait parlé de la Bastille. Moret pouvait-il éclairer ce mystère ? Reprenant son calme, l'égyptologue produisit quelques explications. La momie que recherchait le belge – et la raison en restait mystérieuse, bien qu'il eu semblé qu'il s'intéressait moins au corps qu'à l'une de ses parures – avait, il y a bien longtemps, été entreposée avec d'autres à la Bibliothèque Nationale, où elles s’abîmaient. Quelqu'un décida donc de les mettre en terre pour les préserver. Or, suite aux Trois Glorieuses, on fit une fosse commune dans ces mêmes jardin de la Bibliothèque pour y mettre les corps des révolutionnaire. Et lorsqu'en 1840 on transvasa les victimes de juillet de leur fosse aux caveaux sous la toute nouvelle colonne de la place de la Bastille, on y mêla par mégarde les momies égyptiennes. Évidemment, après cent ans, plus personne ne se souvenait de cela.

Voilà que l'énigme était résolue : Neferothep reposait non dans un musée, mais sous la Colonne de Juillet ! Et maintenant, Templeton avait certainement déjà commencé à ouvrir les caveaux. Il n'y avait plus une minute à perdre.

Le docteur Martin se proposa diligemment de raccompagner l'égyptologue, tandis que Waldrip, Étienne et miss Willis sautaient en voiture. Conduisant à toute berzingue, Waldrip arrêta son bolide à la hâte au beau milieu de la place de la Bastille pour se ruer avec ses compères vers la colonne de juillet. À peine eurent-ils ouvert le portillon qu'une voix les arrêta  net :

« Hé là, messieurs dame, fit un policier qui accourait, il est interdit d'entrer dans les monuments, le savez vous ? »

Pressé par le temps, Waldrip ne se laissa pas démonter et l'interrompit d'un geste autoritaire :

« Monsieur l'agent, dit-il d'un ton sans réplique, nous sommes des experts attachés à une enquête judiciaire en cours! Nous devons impérativement pénétrer sous le monument dans les plus brefs délais ! Je vous prierais donc de ne pas faire obstacle et de bien vouloir contacter le commissaire Maigret afin de nous obtenir des renforts ! »

Déstabilisé par la réponse, le brave représentant des forces de l'ordre balbutia une excuse, et se proposa de leur ouvrir lui-même l'accès au mausolée. Puis, du pas décidé de ceux qui prennent leurs responsabilités, il partit appeler le Quai des Orfèvres.

Nos trois compagnons descendirent dans le piédestal de la colonne. Le court escalier donnait sur un couloir sombre et humide, qu'une grille cadenassée venait barrer aux bout de quelques mètres. Derrière elle, un boyau courbe s'étirait de part et d'autre. Étienne tenta d'ébranler la grille ; hélas pour lui, la situation ne présentait aucun danger évident, aussi ses pouvoirs mécaniques restèrent en sommeil tandis qu'il peinait inutilement. Alors que le garçon s'épuisait en de vains efforts, Alicia remarqua que l'air froid était chargé d'humidité. Concentrant son don cryonique, elle parvint à faire geler le cadenas, qui céda bientôt : la voie était libre.

Ils s'engagèrent dans le souterrain froid et humide, qu'un échos aquatique hantait. Le boyau déboucha sur une salle concave et étroite, qui épousait la courbure de l'édifice en surface. Le long de la paroi extérieure, de longs caveaux funéraires avaient vu leur dalle déplacée. Le bruit d'une eau courante se faisait plus perceptible, et ils entendirent soudain l'éclat de voix et de coups qui se répercutait contre les parois : Templeton et son indienne devait être à l’œuvre. S'approchant, ils virent bientôt une lueur danser sur la pierre, et débouchèrent soudainement sur une tranchée large emplit d'eau glacée. C'était le canal Saint Martin, qui se trouve passer sous l'édifice avant de rejoindre le port de l'Arsenal. De l'autre côté se trouvait une salle identique, qu'une lanterne éclairait en projetant deux silhouettes sur la paroi voûtée.

A ce stade, les scarabées avaient déjà refait leur apparition. Ils franchirent le canal en passant par la voûte, et vinrent discrètement se positionner au-dessus des deux individus. De leur côté, Etienne et Alicia tentaient de voir ce qui se passait, tout en prenant soin de rester eux-mêmes dans l'ombre.

Templeton venait de soulever le lourd marbre d'un des caveaux, puis s'était mis à examiner impatiemment les corps. Trouvant enfin la momie égyptienne, il s'esclaffa :

« Ah Ah ! Ça y est, je l'ai trouvé ! fit le belge avec enthousiasme. Enfin ! Le pectoral de Thot !"

Disant cela, il avait fébrilement défait les bandages de la relique et mis au jour un splendide pectoral d'or . Ce fut l'instant que choisit la nuée pour se laisser choir de toute sa masse informe sur sa compagne : dans un cri d'horreur, l'indienne se retrouva submergée d'un essaim noir et grouillant, harcelée par des milliers de chélicères acérées. Elle échappa à l'étreinte mortelle dans un nuage de fumée odorante, et réapparut de l'autre côté du canal, juste en face d'Alicia. Ivre de colère, la beauté orientale tenta de taillader l'américaine de sa dague. Cette dernière réagit instinctivement en gelant le sang de son adversaire : la peau de l'indienne fut transpercée de centaines d'aiguilles de glace vermeil. Terrassée de douleur, Ambuda abandonna la lutte et disparu dans une volute parfumée.

Pendant ce temps, Templeton avait arraché le pectoral de la momie au mépris de tout soin archéologique, et tentait de prendre la fuite par l'autre côté. La nuée le pris alors en chasse, se projeta contre lui pour le faire tomber au sol, et le submergea alors qu'il tentait misérablement de ramper hors de l'ignominie insectoïde.

C'est à ce moment que les renforts arrivèrent, menés par le commissaire Maigret. Les insectes se retirèrent, laissant les forces de l'ordre passer les menottes au trafiquant belge tandis qu'on lui confisquait la parure antique. Waldrip apparut d'un couloir, remerciant et félicitant le commissaire pour sa promptitude, et lui expliqua les événement qui les conduisirent en ce lieu singulier. On embarqua Templeton, qu'un interrogatoire musclé attendait au commissariat, et on chercha en vain Mme Ambuda, qui semblait proprement s'être volatilisée.

Finalement, cette affaire trouvait une conclusion heureuse et tout rentrait dans l'ordre. Devant répondre de plusieurs chefs d'accusation et non des moindres, Templeton hérita d'un séjour prolongé à la Santé. Alexandre Moret, après quelques jours de convalescence, fut de nouveau sur pied et repris ses fonctions au sein de la Société Française d’Égyptologie et du Collège de France. Et s'il faut en croire les confidences de Mme Moret, le brave homme corrigea diligemment ses navrantes habitudes. Le pectoral fut dûment remis à Henri Verne pour enrichir les collections du Louvre. Quant à nos amis, ils reçurent publiquement les remerciement du commissaire Maigret, et commençaient donc à se faire un nom.

Epilogue

Réunis autour d'une table en terrasse des Deux Magots par une belle matinée de ce début de mois de février, Lord Waldrip, Etienne et Miss Willis goûtaient un repos bien mérité après l'agitation de ces derniers jours. Ils lisaient avec amusement le récit de l'affaire dans la presse, quand une superbe Rolls Royce Phantom d'un gris perlé s'arrêta devant eux. La portière arrière s'ouvrit, et en descendit un homme distingué, au complet assortit au véhicule, une canne à la main.

Sous les regards circonspects, l'homme s'approcha nonchalamment du groupe, qu'il salua avec manière:

« Messieurs dames, peut-être me reconnaissez-vous, je suis Viktor Voight. Nous avons déjà eu l'honneur de nous rencontrer. Je tenais à vous féliciter pour vos exploits récents, qui, je dois le reconnaître, sont assez peu... ordinaires. Or, figurez-vous que je m'intéresse à ce qui sort de l'ordinaire. »

Ils remercièrent poliment, attendant de voir où l'homme voulait en venir. Ce dernier continua, un sourire au coin des lèvres.

« Je me suis récemment mis en tête de créer un petit groupe informel, qui aurait à cœur d'apporter un peu de justice et d'équité en ce monde. Vous savez, une réunion de personnalités singulières, que le mystère et l'aventure n'effraient pas..."

Tout en souriant, Voight leur tendit sa carte.

« Alors... cela vous intéresse-t-il ? »
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Golgoroth » Mer 20 Nov 2013 13:04

L'Homme Vaporeux a écrit:« Alors... cela vous intéresse-t-il ? »


La réponse est oui pour ma part ! Merci pour ce CR détaillé, HV. Tes joueurs ont dus bien apprécier. ;)
Une suite bientôt sous la houlette de Voight ?
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Slayne » Mer 20 Nov 2013 17:42

Bien sûr, je n'ai pas encore fini de tout lire, mais tu m'as déjà donné des idées pour ma campagne à venir!
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Ven 22 Nov 2013 19:40

Golgoroth a écrit:La réponse est oui pour ma part !

Et ce fut aussi celle de mes joueurs! A l'origine, la partie n'était prévue que comme bouche-trou parce qu'il me manquait la moitié du groupe d'un autre jdr qu'ils avaient choisi à la place. Résultat, 9 séances au compteur et on va enchaîner sur la Grande Nuit :lol:
J'essaierai de vous poster la suite quand j'aurai un peu de temps pour l'écrire.

Slayne a écrit:tu m'as déjà donné des idées pour ma campagne à venir!

Alors tous ces efforts n'auront pas été en vain :D
Plus sérieusement, c'est un peu l'objectif de ces CR, je suis donc ravi de t'entendre!
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Ven 22 Nov 2013 22:13

Bravo et merci pour ce récit complet.
Même si j'ai déjà fait jouer ce scénario, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventure de ton groupe. Je trouve que tu exploites très bien tes PNJ. J'espère donc pouvoir tirer quelques enseignements de tes écrits pour faire aussi bien que toi... ;)

Si je puis me permettre une petite question : Pourquoi avoir introduit le passe-muraille auprès de Templeton ?

Lord Anaon, un brin curieux....
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede L'Homme Vaporeux » Sam 23 Nov 2013 20:25

Lord Anaon a écrit:Je trouve que tu exploites très bien tes PNJ


Merci, pourtant j'ai eu quelques soucis de "surcharge pnjesque" dernièrement. Mais j'essaie toujours de creuser et de donner une personnalité à tous.

Lord Anaon a écrit:Pourquoi avoir introduit le passe-muraille auprès de Templeton ?

Ah, le passe-muraille. En fait, et malgré la brièveté de son apparition, c'est un de mes personnages préférés de la BD. Je voulais donc le faire intervenir dans mes parties tout en le distinguant des autres surhommes, et je me suis dit que ce serait intéressant que mes PJ le rencontrent avant son passage du côté de la justice, et jouent un rôle dans sa rédemption... ce qui a justement été l'occasion d'un grand moment de RP ;)

Du coup, le passe-muraille est devenu un des PNJ qui polarisent le plus mes joueurs, entre ceux qui l'adorent et ceux qui le détestent. Je vais d'ailleurs essayer de lui ménager une plus grande place dans la Grande Nuit.
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Re: [CR] Les Mystères de l'Impossible

Messagede Lord Anaon » Mar 26 Nov 2013 23:04

Ah, le passe-muraille. En fait, et malgré la brièveté de son apparition, c'est un de mes personnages préférés de la BD. Je voulais donc le faire intervenir dans mes parties tout en le distinguant des autres surhommes, et je me suis dit que ce serait intéressant que mes PJ le rencontrent avant son passage du côté de la justice, et jouent un rôle dans sa rédemption... ce qui a justement été l'occasion d'un grand moment de RP


Très bon, en effet, de lier les personnages aux événements et aux pnj officiels de la BR.

Du coup, tu as enchainé sur quel scénario ?

Lord Anaon, qui n'a rien d'officiel... :P
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