de Cléanthe » Mer 31 Oct 2012 10:35
J'ai enfin découvert la b.d avec la sortie de l'intégrale, vendredi 26 à l'Atalante. Coïncidence heureuse ... je venais jeter un coup d'œil aux sorties sf et j'ai vu en rayon cet intégrale, mon libraire qui m'en a fait la pub. Je suis parti avec et l'ai dévorée durant le week-end.
La sortie de l'intégrale a le mérite de rendre accessible l'ensemble de la série pour 35 euros, tout cela accompagné en fin d'ouvrage des illustrations autour de la b.d et d'un cahier vraiment intéressant de Lehman sur les inspirations de la Brigade, je suis a priori pas fan de ce genre de suppléments, considérant qu'une oeuvre se suffit à elle-même. Mais ici, l'auteur parvient à brosser le portrait d'une littérature populaire méconnue qui mérite mieux que "l'oubli", comme c'est par ailleurs le sujet central de la b.d, ça tombe bien. Bref, l'intégrale vaut également pour son cahier en fin d'ouvrage.
Concernant la b.d elle-même maintenant, pour être honnête, je lui trouve quelques défauts : je trouve Gess en tant que créateur d'imag(inaire) inégal, certaines planches sont à tomber et d'autres me semblent ratées, mais rien de rédhibitoire, car le souffle y est. Messieurs Lehman et Colin ont construit un récit dense, trop dense parfois pour 6 petits tomes, le rythme n'est pas toujours tenu. On sent que la matière qui prévalait à la construction de l'histoire n'a pas trouvé sa place sur un si court chemin, ce qui fait tout l'intérêt de l'encyclopédie, même si on n'est pas joueur. Pour le reste, c'est du grand travail, je ne suis pas amateur de b.d, dans le sens où je trouve le genre parfois faible d'un point de vue littéraire , la Brigade vient trouver sa place dans mes favorites auprès de Tintin, les Gardiens, Partie de chasse de Bilal, Sandman de Gaiman ou les aventures de Black et Mortimer, pour en citer quelques unes. Je partage totalement l'avis de Rom1 sur l'effet produit par cette bd, elle touche émotionellement et sans doute également moralement le lecteur, évoquant pêle-mêle le mal radical, l'oubli et Primo Lévi. Elle fait en même temps resurgir du néant tout un pan de la littérature science-fictionnelle et invite à s'y plonger. Ca faisait très longtemps qu'une b.d ne m'avait pas fait cet effet à la lecture, si vous me permettez le lien avec la mémétique, je dirais qu'on a ici de la littérature virale de premier ordre, un stimulant dans la langue de Molière qui ouvre toute grande les portes de l'imaginaire. Je recommande chaudement pour ma part.