La lecture tout juste terminée, je viens ici témoigner du grand plaisir que j’ai eu à parcourir cet ouvrage. Plaisir qui se révélera mille fois plus intense autour d’une table, j’en suis persuadé. La Grande Nuit est une aventure audacieuse, pour personnages et MJ audacieux. Fidèle description de mon petit groupe de joueurs.
Je dois avoue que je me suis déjà ennuyé à la lecture de certains ouvrages rolistiques, tant ils sont rébarbatifs. Ce qui n’est pas le cas avec La grande nuit. La rédaction est efficace et soignée. C’est vrai qu’il y a peu de technique, et que le texte se concentre sur l’essentiel : L’aventure et les personnages. Parfois, j’ai eu l’impression d’avoir, entre les mains, un bon Comics (Genre Batman) ou un bon roman merveilleux scientifique (Genre La Machine à explorer le temps). Puis, dans mon cas, c’est une activité interactive : Il n’est pas rare que je recherche certains noms sur le web, afin d’en vérifier la réalité historique ou la parenté littéraire.
La structure assez ouverte de l’aventure n’est pas pour me déplaire. Les scénarii considèrent les personnages comme déjà ancrés dans l’univers de la Brigade Chimérique et prévoient donc que ceux-ci profitent de leurs connaissances pour faire évoluer l’intrigue. Une vraie liberté pour les personnages. Les descriptions stimulent tellement l’imagination, qu’il n’est pas difficile à un MJ de revoir une scène sans amputer la trame.
La campagne, en elle-même, enchaîne des aventures surréalistes, des voyages extraordinaires, des combats épiques, des personnages hauts en couleur, le tout dans la plus grande cohérence. Certains scénarii apportent leurs petites subtilités, comme les énigmes du Ruban de Möbius ou les PNJs accompagnateurs de L’Armageddon oublié, dont je suis friand.
La couverture de Brain Salad est du plus bel effet. A l’intérieur, les illustrations sont de bonnes qualités, bien qu’un peu terne à mon goût. Oui, je sais c’est du N&B, mais je préfère les œuvres de monsieur Willy Favre en couleurs, comme dans l’Encyclopédie.
Ce fameux intérieur en N&B est à inscrire au chapitre des regrets. Le sépia du dernier supplément m’avait bien plu. Même s’il y a toute une collection de tableau et de poèmes, je rêverais avoir quelques aides de jeu en plus, comme : les articles de journaux cités dans les scénarii, un plan de Shambhala, genre Dictionnaire des lieux imaginaires, ou une carte de Mongolie recensant les attaques des insectoïdes. Enfin, cerise sur le gâteau, une bibliographie et un index des PNJ aurait fait mon bonheur. Ce n’est que le pinaillage d’un doux rêveur qui sait que vous avez déjà fait votre maximum.
En conclusion, je dirais que la gamme de la Brigade Chimérique se termine en apothéose. La grande Nuit est une véritable réussite, avec une mention spéciale pour les PNJs. Les personnages secondaires, inspirés de la littérature ou de l’Histoire, sont légions et les grands protagonistes sont magistraux (L’astronome est excellent, c’est une chimérisation ou une création maison ?). Bravo à toute l’équipe (rédacteurs et éditeur, évidement).
Lord Anaon, sur les traces de l’Astronome…
PS : Il y a un petit truc qui me chagrine, dans la campagne. Même si ses raisons sont pleinement compréhensibles, j’ai du mal à imaginer Gog s’attaquer aussi ouvertement à un proche de Mabuse.