Pour ma part, dur à dire quel est mon personnage préféré de la bande-dessinée. Il y en a tellement, et même ceux qui n'apparaissent qu'une ou deux fois sont suffisamment bien mis en valeur pour en devenir charismatiques et attachants. Bon, déjà, je ne citerais pas les personnages français (du Nyctaclope à Spad en passant par le couple Curie): par chauvinisme et patriotisme, j'ai de base une bonne grosse attirance pour eux tous ;p.
Principalement
Jean Séverac, qui m'a permit de répondre à une question que je me posais depuis un moment : pourquoi les habitants des États-Unis sont-ils tous en admiration devant le Captain America ? Hé bien, une fois la dernière page du tome 3 lue, j'ai pu comprendre. Le dessin, les couleurs, le
background du personnage, le contexte historique à la fois de l'histoire et de la BD elle-même... Voire la France mise en valeur via ses traditions les plus honorables et morales, et via un personnage décrit comme "surhumain/super-héroïque", c'est quelque chose. Tout pour inspirer l'émotion, la fierté. Bref, c'était pour la minute " je raconte ma vie ".
Concernant les personnages, et en tant que
personnages de fiction uniquement, je précise, je dois avouer que le
Gang M fait partie de mes préférés. La présence de
Mabuse dans le prologue (un personnage déjà extraordinaire dans les films de Lang, à la fois un symbole de l'Allemagne de l'époque et une anticipation du nazisme) était une des choses qui avait retenu mon attention et qui m'avait incité à acheter le premier tome (hé, son hypnose doit marcher même sur les lecteurs à un certain niveau

), car il était parfaitement restitué et adapté à l'univers de la Brigade. Et ça se confirme dans ses autres apparitions : ses discours sont des tissus de mensonges et de profanations, mais il les déclame toujours d'un air calme et affable, et ils sont logiques, argumentés, structurés. La manipulation des masses à haut-niveau, en somme.
Pour ses deux compères, ils apparaissent moins, mais assez pour avoir chacun droit à une personnalité autre que "le méchant générique du mois". Le
Werewolf, le monstre physiquement repoussant habillé en noir dans un uniforme impressionnant, généralement en retrait, qui tente de prendre un air digne et d'utiliser un vocabulaire recherché tout en commettant des actes barbares tout naturellement est une image-type du nazi (je serais d'ailleurs curieux de savoir d'où Lehman et Colin le tire, sûrement de l'obsession nazie pour les chiens-loups et de la division du même nom). Pour
l'Ange Bleue, encore ici une bonne chimérisation d'un vieux film célèbre de l'époque, si elle n'a pas un rôle actif au niveau des évènements (contrairement à ses deux compères, même si pour la grosse boule de poils ses actes sont surtout évoqués via des images ou des paroles d'autres personnages), on sent qu'elle n'est pas inutile : elle a convaincu le dernier des atlantes de rejoindre le camp nazi, et les deux chimères nazies semblent tenir à elle, ce qui garantie au moins une certaine unité de groupe, et on la voit faire de suggestions et rappels à
Mabuse : en retrait et soutenant les autres, mais sûrement pas inutile.
En fait, la seule chose que je regrettais au départ à leur sujet, c'est l'impression de clichés autours d'eux : une bande de méchants nazis allemands voulant dominer le monde, avec dedans l'éternel savant fou de pulp, le loup-garou qui doit être ami avec le Capitaine de Hellsing, et la vampire en cuir noir qu'on dirait tirer d'un vieux film pseudo-érotique. Mais d'une part, c'est tout à fait thématique avec l'œuvre qui est un hommage à une époque où tout était à inventer et où ces idées étaient originales, et ça correspond à la personne dont ils sont les émanations psychiques, qui elle aussi semblait beaucoup trop "irréaliste" pour véritablement exister. Et après le tome 4, c'est difficile de se moquer d'eux, de toute façon.
Et pour terminer, encore un méchant :
La Phalange. Car un méchant (qui semble) inspiré de
La Flamme Noire, et qui est présenté quelques pages après une autre référence à Mike Mignola (un mort-vivant qui erre dans une rue, avec un poème comme texte d'ambiance, ça m'a rappelé la goule qui récitait du Hamlet) mérite une mention. Et il n'est même pas envisageable de chercher à critiquer ceci. Et car parmi les différents méchants de l'Europe chimérique des années 30, il est original : ce n'est pas un manipulateur, que ça soit via des discours ou des pouvoirs mentaux (ou les deux), mais un véritable antagoniste de shonen/super-vilain de comic du Silver Age : il a des pouvoirs entièrement tournés vers la destruction de masse, il aime la mort et le proclame, et extermine tout sur son passage. C'est un personnage simple, mais tout à fait en accordé avec l'époque dans laquelle il est mis en scène, avec ses Guernica et ses discours fascistes qui encouragent à agir au lieu de réfléchir ou parler.
Voilà, voilà. Désolé pour l'effet "mur de texte", mais c'est juste une conséquence de l'effet "il est deux heures du matin, je suis insomniaque, et je ne sais pas quoi faire".
